René-Xavier Prinet

L’Œuvre de René-Xavier Prinet

René-Xavier Prinet (1861-1946) est un peintre français dont l’œuvre incarne l’élégance de la Belle Époque. Peintre d’histoire, de genre, de portraits, d’intérieurs et de paysages, il excelle également comme illustrateur et décorateur. Selon *renexavierprinet.free.fr*, ses tableaux – tels que les parties de billard, les plages de Cabourg ou les déjeuners sur l’herbe – révèlent un goût prononcé pour l’anecdote, évoquant parfois les scènes décrites par Marcel Proust. Ses compositions, marquées par une rigueur dans la construction et une sensibilité dans la palette, traduisent une maîtrise des jeux de lumière et des valeurs, notamment dans ses scènes d’intérieur.

Son œuvre phare, La Sonate à Kreutzer (1901), inspirée du roman de Tolstoï, est un chef-d’œuvre narratif exposé au Salon de Paris, acquis par le prince régent de Bavière lors de l’exposition « L’Art français contemporain » à Stuttgart. Cette toile (huile, musée des Beaux-Arts de Rouen) capture une tension dramatique entre un violoniste et une pianiste, soulignée par des contrastes subtils. Autre pièce majeure, Le Balcon (1905-1906, musée des Beaux-Arts de Caen, 161,2 x 191,7 cm), illustre un Paris festif, avec des personnages observant la ville comme une scène de théâtre, mêlant pénombre et éclats dorés.

Prinet excelle aussi dans les paysages normands, influencés par sa résidence « Double Six » à Cabourg. La Plage de Cabourg (1896, huile, 27 x 40,7 cm, musée des Beaux-Arts de Caen) et Les Amazones sur la plage (huile, 109 x 145 cm, collection privée) capturent l’élégance des loisirs balnéaires. Ses décorations, comme Le Petit Quadrille à la Bibliothèque de l’Opéra de Paris ou celles du Musée national d’art moderne et du Palais de la Légion d’honneur, témoignent de son talent monumental. Ses illustrations pour des romans (ex. Jeannot et Colin de Voltaire, 1917) ajoutent une dimension narrative délicate à son répertoire.

Mère à l’enfant, sanguine | Collection privée

Origines et jeunesse (1861-1880)

René-Xavier Prinet voit le jour le 31 décembre 1861 à Vitry-le-François (Marne), dans une famille bourgeoise de la Franche-Comté. Son père, Henri Prinet, magistrat et amateur de peinture (une Vierge à l’Enfant est visible à Suaucourt), encourage ses inclinations artistiques. Sa grand-mère maternelle le relie aux peintres de cour Hubert et François-Hubert Drouais, dont des œuvres familiales subsistent. Enfant, il dessine les paysages champenois et les intérieurs domestiques, posant les bases de son futur style intimiste.

Après des études à Châlons-sur-Marne, où il brille en dessin et littérature, il s’installe à Paris en 1879, à 18 ans. La rue Bonaparte, près de l’École des Beaux-Arts, devient son foyer, marquant le début de son immersion dans le monde artistique de la capitale.

Formation artistique (1880-1890)

En 1880, Prinet entre à l’École des Beaux-Arts sous la tutelle de Jean-Léon Gérôme, maître de l’art académique, qui lui enseigne la précision et la narration. Il fréquente aussi l’atelier de Jules Lefebvre à l’Académie Julian et reçoit les conseils de William Bouguereau, influençant ses nus délicats. En 1885, il concourt au Prix de Rome sans succès, mais ce revers le pousse à voyager en Italie (1886-1887), où Raphaël et Titien enrichissent sa palette. Son premier Salon, en 1888, avec La Leçon de piano, le révèle au public.

Jeune fille dans un salon, huile sur toile | Collection privée

Carrière et reconnaissance (1890-1910)

Dans les années 1890, Prinet s’impose au Salon avec des œuvres comme La Sonate à Kreutzer (1901), récompensée en 1902. Il devient professeur à l’École des Beaux-Arts en 1898, formant des talents comme Dufy et Friesz. Élu à l’Académie des Beaux-Arts en 1910, il incarne l’académisme face aux avant-gardes. Ses scènes bourgeoises, tels Le Pique-nique (1903, 111,5 x 146,5 cm, musée de Belfort) ou Femme à son secrétaire (huile, 53 x 44 cm, collection privée), séduisent par leur raffinement.Portrait de René Jaquemin, huile sur toile | Musée de Bourbonne-les-Bains

Portrait de René Jaquemin, huile sur toile | Musée de Bourbonne-les-Bains

Style et philosophie artistique

Prinet allie rigueur académique et sensibilité moderne, avec des couleurs harmonieuses et un souci du détail. Ses scènes, souvent comparées à Tissot, privilégient l’émotion et la beauté simple (*renexavierprinet.free.fr*). Refusant l’impressionnisme, il écrit en 1905 : « La peinture doit élever l’âme. » Ses tableaux religieux, comme L’Adoration des Mages (basilique Saint-Ferjeux, Besançon), montrent son attachement aux traditions.

Influence et héritage (1910-1946)

Après 1910, Prinet poursuit son enseignement et expose à l’international (New York, 1925). Pendant la Première Guerre mondiale, il dessine pour la presse patriotique. Installé à Bourron-Marlotte dans les années 1920, il peint des paysages doux. Décoré de la Légion d’honneur en 1927, il meurt en 1946, laissant un legs dans des musées (Orsay, Caen, Boston) et dans notre collection à Mission Île de la Cité.

Sépulture de René-Xavier Prinet et Jeanne Jaquemin à Bourbonne

Vie personnelle

Marié en 1892 à l’église de la Madeleine à Paris, à Jeanne Jaquemin (1865-1958), dont le sculpteur français Antoine Bourdelle réalisera un buste, conservé au musée éponyme à Paris, Prinet n’a pas eu d’enfant. Ce sont ses beaux-parents, Auguste et Louise-Berthe, propriétaires de la Maison Abel & Jaquemin à Bourbonne-les-Bains, résidents d’une maison de la rue de l’Aitre, aujourd’hui rue du Général Maistre et labellisée Fondation du Patrimoine, et de Paris, qui lui font découvrir Cabourg, puisqu’ils sont aussi propriétaires de la villa Double-Six. Sans certitude toutefois, on suppose que Prinet a cotoyé Marcel Proust, un voisin. Les expositions et hommages rendus à l’écrivain sont d’ailleurs souvent illustrées par des oeuvres de Prinet, qui reflètent parfaitement l’ambiance et la bourgeoisie de leur époque. Sa maison à Bourbonne-les-Bains est visible depuis l’avenue du Général de Gaulle. Il est inhumé avec son épouse dans le cimetière communal.

Sans titre, huile sur toile peinte dans la maison de ses beaux-parents | Musée de Bourbonne-les-Bains