La marque DS Automobiles disparaîtra-t-elle sous 5 ans ?

Lancée en 2009 comme la branche premium de Citroën, puis devenue une marque à part entière en 2014 sous l’égide de Stellantis, DS Automobiles ambitionne de rivaliser avec les géants allemands (Audi, BMW, Mercedes-Benz) et les nouveaux acteurs électriques comme Tesla. Pourtant, en 2025, DS reste un acteur marginal du marché automobile, avec environ 60 000 véhicules vendus mondialement en 2024, principalement en Europe. Face à une notoriété limitée, une présence géographique réduite et une concurrence acharnée, la question se pose : A l’heure où la DS N°4 est lancée et la DS N°8 en passe d’être commercialisée, DS Automobiles risque-t-elle de disparaître d’ici 2030 ? Cet article examine les forces, les faiblesses et les perspectives de la marque pour évaluer sa viabilité à court terme.

Une ambition premium entravée par une faible notoriété

DS Automobiles mise sur un positionnement unique : un luxe à la française, mêlant raffinement, design audacieux et technologies avancées. Ses modèles, comme le DS 7 Crossback, la DS 4 ou la DS 9, se distinguent par leur style sophistiqué et leurs intérieurs soignés. Cependant, plusieurs obstacles freinent son ascension :

  • Faible reconnaissance de marque : Contrairement à Audi ou BMW, ancrés dans l’imaginaire collectif, DS peine à se détacher de son héritage Citroën. En 2021, seuls 10 % des consommateurs européens associaient DS à une marque premium indépendante, selon une étude interne de Stellantis.
  • Ventes marginales : Avec 60 000 unités vendues en 2024 (contre 1,671 million pour Audi ou 2,2 millions pour BMW), DS représente moins de 0,1 % du marché mondial. En Europe, son principal marché, les ventes ont chuté de 25 % de janvier à août 2023, malgré une croissance du secteur de 13,9 %.
  • Retrait de Chine : En 2023, DS a abandonné le marché chinois, qui représentait 41 % des ventes mondiales de véhicules en 2024. Avec une part de marché de 0,01 % en 2022, cette décision reflète l’incapacité de la marque à s’imposer face aux constructeurs locaux comme BYD ou aux premiums allemands.

Une transition électrique ambitieuse mais risquée

DS Automobiles a pris un virage stratégique vers l’électrification, avec un objectif de gamme 100 % électrique dès 2024-2025. Des modèles comme le DS 3 E-TENSE et la future DS 4 électrique (batterie 98 kWh, autonomie >700 km) témoignent de cette ambition. En 2023, près de 50 % des ventes européennes étaient électrifiées (hybrides ou électriques). Cependant, ce pari comporte des risques :

  • Concurrence féroce : Tesla (1,79 million de VE en 2024), BYD (2,68 millions) et les marques premium allemandes dominent le segment électrique. DS, avec des volumes limités, peine à rivaliser en termes de prix, d’infrastructure de recharge ou de notoriété.
  • Investissements coûteux : Développer des plateformes électriques (comme STLA Medium de Stellantis) et un réseau de distribution spécifique demande des ressources importantes. Avec un chiffre d’affaires modeste (537 millions USD en France en 2021), DS dépend fortement des fonds de Stellantis, qui gère 14 marques concurrentes.
  • Manque d’écosystème : Contrairement à Tesla ou Audi, qui déploient des réseaux de charge rapide (Audi : 600 chargeurs à 360 kW en Chine), DS n’a pas annoncé d’investissements significatifs dans l’infrastructure, limitant son attractivité pour les acheteurs de VE.

Les contraintes de Stellantis : un frein à l’expansion

Appartenir au géant Stellantis (4e constructeur mondial, 8,8 millions de véhicules en 2024) est à la fois un atout et une contrainte :

  • Priorités partagées : Stellantis investit massivement dans Jeep, Peugeot et Ram, qui génèrent des volumes bien supérieurs. DS, avec sa faible contribution au chiffre d’affaires, risque d’être reléguée au second plan, comme Alfa Romeo ou Maserati.
  • Synergies limitées : Les plateformes partagées (EMP2, STLA) réduisent les coûts, mais homogénéisent les modèles, rendant difficile la différenciation de DS face à Peugeot ou Citroën.
  • Rationalisation possible : Stellantis a déjà fermé des marques non rentables (ex. : Chrysler en Europe). Si DS ne parvient pas à augmenter ses volumes ou sa rentabilité d’ici 2030, elle pourrait être fusionnée avec Citroën ou abandonnée.

Signes d’espoir : un potentiel sous-exploité

Malgré ces défis, DS dispose d’atouts qui pourraient assurer sa survie :

  • Croissance dans des marchés de niche : En Turquie, les ventes ont quadruplé en Q1 2023 (717 unités, +257 % de part de marché premium). Le DS 7 Crossback domine dans plusieurs marchés secondaires.
  • Nouveaux modèles : Les lancements prévus pour 2025 (D75, D85) et l’expansion du réseau (45 concessions au Royaume-Uni visées en 2023) montrent un engagement à élargir la clientèle.
  • Positionnement local : En France, où DS réalise 50 % de ses revenus, la marque bénéficie d’un attachement culturel au « luxe français », renforcé par des partenariats avec des maisons comme Hermès pour les intérieurs.
  • Électrification précoce : En étant parmi les premières marques Stellantis à viser le 100 % électrique, DS pourrait capter une clientèle premium sensible à l’écologie, si elle améliore son marketing.

Scénarios pour 2030 : survie ou disparition ?

La survie de DS Automobiles d’ici 2030 dépend de plusieurs facteurs :

  • Scénario optimiste : Si DS parvient à doubler ses ventes (120 000 unités/an) grâce à ses modèles électriques et à une expansion dans des marchés émergents (Moyen-Orient, Asie du Sud-Est), elle pourrait s’imposer comme une alternative niche aux premiums allemands. Une campagne marketing agressive et des partenariats (ex. : mode, luxe) renforceraient sa notoriété.
  • Scénario pessimiste : Si les ventes stagnent ou déclinent, et que Stellantis privilégie ses marques à fort volume, DS risque d’être absorbée par Citroën ou abandonnée. Une faible adoption de ses VE, couplée à des coûts de développement élevés, pourrait précipiter cette issue.
  • Facteurs clés : La capacité de Stellantis à investir dans DS, la réussite des lancements 2025, et la croissance de la demande pour les VE premium seront déterminants.

Conclusion : une marque à la croisée des chemins

DS Automobiles ne disparaîtra probablement pas dans les 5 prochaines années, grâce à l’appui de Stellantis et à son positionnement unique. Cependant, sa survie à long terme est incertaine sans une augmentation significative de ses ventes, une notoriété renforcée et une différenciation réussie dans le segment électrique. En 2025, DS doit capitaliser sur ses atouts (design, électrification précoce) et surmonter ses faiblesses (faible présence mondiale, dépendance à Stellantis) pour éviter de devenir une note de bas de page dans l’histoire automobile. L’avenir de DS repose sur sa capacité à transformer son ambition premium en succès commercial.